Astroturfing ou l’art de créer de faux mouvements d’opinion
Sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la vie réelle, si tu remarques un mouvement d’opinion de masse qui surgit brusquement sur un sujet, il vaut mieux être vigilant : tu as peut-être affaire à de l’astroturfing. Geek Junior t’explique tout pour ne pas te faire avoir !
Le terme astroturfing n’a rien à voir avec les astres ou les paris hippiques ! C’est de la manipulation de foules.
Il consiste en l’utilisation de techniques de propagande manuelles ou algorithmiques à des fins publicitaires, politiques ou de relations publiques. Ces techniques ont pour but de donner une fausse impression d’un comportement spontané ou d’une opinion populaire, ou de semer le doute dans un débat public.
Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, les phénomènes d’astroturfing sont de plus en plus complexes à repérer. Les outils d’intelligence artificielle risquent d’automatiser et d’industrialiser encore davantage ces faux mouvements d’opinion.
Un terme qui vient d’un jeu de mots
L’astroturfing, ou « similitantisme » en français, est un terme utilisé pour la première fois par un sénateur américain, Lloyd Bentsen, en 1986. Son étymologie provient d’un produit de gazon synthétique (Astrotuf) qui imite à s’y méprendre le gazon naturel. Le sénateur voulait faire un jeu de mots (en anglais) en opposant les mouvements sociaux de citoyens dits « grassroots movements », soit « racine de l’herbe » en français, aux tentatives d’entreprises ou de mouvements politiques peu scrupuleux qui veulent simuler un emballement citoyen autour de leur cause.
Le savais-tu ?
L’astroturfing existait bien avant la création du terme. Ainsi, Richard Nixon, président des États-Unis de 1969 à 1974, disposait d’une équipe chargée d’écrire aux courriers des lecteurs de médias américains pour vanter sa politique !
Pourquoi manipuler la mobilisation citoyenne ?
La parole citoyenne, symbolisant l’opinion publique, bénéficie naturellement d’une grande crédibilité, notamment auprès des médias et du personnel politique qui la relaie facilement. C’est pourquoi certains sont tentés de fabriquer de toutes pièces de faux mouvements citoyens, pour donner l’illusion qu’une majorité appuie leur point de vue.
L’affaire Blake Lively
En décembre 2024, l’actrice Blake Lively a accusé le réalisateur Justin Baldoni et son équipe de relations publiques d’avoir orchestré une campagne de dénigrement en ligne à son encontre. Fin décembre, elle avait porté plainte pour harcèlement sexuel sur le tournage. Des milliers de contenus ne montrant pas l’icône de « Gossip Girl » sous son meilleur jour avaient alors émergé sur les réseaux sociaux en quelques mois avec, à la clé, des centaines de milliers de likes. Si la manipulation médiatique est avérée, l’actrice pourrait demander réparation pour préjudice.
X, le réseau de l’Astroturfing
Le réseau social appartenant à Elon Musk est très régulièrement accusé d’être un lieu de campagnes d’astroturfing, notamment lors d’élections nationales. Ainsi, avant les élections du Bundestag le 23 février 2025 en Allemagne, le parti d’extrême droite AfD a vu sa visibilité explosée sur X grâce à des milliers de comptes bots partageant des vidéos deepfake, des articles falsifiés et des slogans. Cette campagne d’astroturfing s’est propagée également sur TikTok et WhatsApp.