Sortie BD : Les Cheveux d’Édith, quand la mémoire se dessine

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France retrouve ses couleurs. Paris respire. On veut oublier, reconstruire, vivre à nouveau. Mais au cœur de la Libération résonne une question qui dérange : qu’advient-il de ceux qui reviennent des camps nazis ? Comment accueillir l’indicible ?
C’est à cette question troublante que répond la nouvelle bande dessinée de Dargaud, Les Cheveux d’Édith, en imaginant une rencontre décisive entre deux jeunes gens au printemps 1945.

Louis et Édith : une rencontre qui change tout

Paris, mai 1945. Le lycéen Louis passe devant l’hôtel Lutetia, devenu centre d’accueil pour les rescapés des camps. Quelque chose l’arrête. Peut-être la curiosité. Peut-être déjà une forme de conscience de l’histoire qui se dessine sous ses yeux. Il décide de devenir volontaire.
En parcourant les couloirs de l’établissement après ses cours, Louis découvre progressivement la réalité de ce que les déportés ont enduré. Les histoires fragmentées, les regards vides, le silence pesant. Et puis il rencontre Édith, jeune femme de son âge, revenue de Birkenau. Édith ne parle presque pas. Elle est prisonnière d’un mutisme que le traumatisme a scellé. Les mots pour dire Birkenau n’existent tout simplement pas. Louis comprend alors que raconter n’est pas suffisant. Il faut aussi être entendu. Il faut aussi que quelqu’un tente de comprendre.

La transmission de la mémoire, un combat silencieux

Fabienne Blanchut et Catherine Locandro ne nous offrent pas une histoire de réconciliation facile ou de guérison miraculeuse. Elles posent une question bien plus profonde : comment transmettre ce qui semble impossible à mettre en mots ? Comment sortir quelqu’un du silence du traumatisme ? Comment, à notre échelle, devenir passeur de mémoire ? Louis se porte garant de cette transmission. En nouant une amitié sincère avec Édith, en restant simplement présent, il espère lui redonner goût à la vie. Mais l’histoire qu’il entreprend est semée d’incertitudes.

C’est là toute la force de cette bande dessinée : elle refuse les réponses trop faciles. Elle reconnaît que la mémoire est compliquée, que certaines blessures ne cicatrisent jamais entièrement, mais que l’humanité demeure une forme de résistance.

Un dessin qui porte le poids des mots

Dawid, dont le trait fin et délicat accompagne le scénario, transforme cette histoire intime en enjeu universel. Son dessin respire. Il laisse des espaces au silence. Les visages d’Édith et Louis deviennent le miroir de toute une génération confrontée à une réalité qui dépasse l’entendement.

Les Cheveux d’Édith, c’est une bande dessinée pour comprendre que la Libération n’a pas signifié la fin de la guerre pour tous. C’est une invitation à se demander comment on accueille, comment on écoute, comment on se souvient.

• Pour lire un extrait ici.

• Scénario : Fabienne Blanchut, Catherine Locandro
• Dessin : Dawid
• Éditeur ‏: Dargaud
• Gendre : témoignage historique
• 160 pages
• Public : 14 ans +/li>
• Sortie : 5 septembre 2025
• Prix : 22.95 €